Réponse de l’Alliance féministe solidaire pour les droits des travailleuses et travailleurs du sexe à l’Avis du Conseil du statut de la femme sur la prostitution
Au moment où les États généraux de l’action et de l’analyse féministes enclenchent des discussions sur l’avenir du féminisme dans le mouvement des femmes au Québec, et où le sujet de la prostitution/travail du sexe trouve laborieusement sa place à l’ordre du jour, le Conseil du statut de la femme (CSF) s’avance et donne le ton et la direction des discussions en la matière : non à la « légalisation » de la prostitution! Oui à l’abolition comme on fait en Suède. Ce sont là deux thèmes clés du dernier Avis du CSF lancé récemment : La prostitution : il est temps d’agir.
Aux yeux de l’Alliance féministe solidaire pour les droits des travailleuses et des travailleurs du sexe (AFS), cet Avis est trompeur : lancé comme « une analyse globale des faits disponibles, des discours et des arguments présentés par les protagonistes dans ce débat » (p. 7), il oriente en réalité les discussions dans un seul sens, sur la base d’un plaidoyer partiel, caractérisé par un manque de rigueur. L’Avis du CSF opte sans discernement, en matière de « prostitution » pour un abolitionnisme pur et dur, ce qui est une forme modifiée de la prohibition, promu ici par une frange bien spécifique du mouvement féministe. Son manque de rigueur dans l’étude des régimes juridiques contribue à brouiller l’appréhension de solutions à mettre de l’avant en matière de politiques publiques. Et sans parler des obstacles aux droits fondamentaux des personnes concernées que sous-tendent les solutions proposées par le CSF. À cet égard, le rapport choisit d’ignorer, voire de rejeter radicalement la parole et le travail d’organismes oeuvrant auprès des travailleuses du sexe, comme Stella qui existe depuis plus de quinze ans.