Le 18 août 2008, l'Association médicale canadienne (AMC) dévoilait la 8e édition annuelle de son Bulletin national sur la santé au Canada qui porte avant tout sur l'accès aux services de santé et sur les soins en santé mentale. Il mesure l'opinion publique afin de brosser un tableau des aptitudes et des expériences des Canadien-nes face au système de santé. "Le bulletin de cette année jette un éclairage peu flatteur sur les attitudes que nous avons au Canada face à la santé mentale", a déclaré le président de l'AMC, le Dr Brian Day. "A certains égards, les maladies mentales constituent la dernière frontière de la discrimination acceptable par la société. Pouvez-vous imaginer le tollé public si une discrimination semblable à celle dont on fait preuve dans le cas des personnes atteintes de maladies mentales visait plutôt les gens pour leur race, leur sexe ou leur religion?"
L'enquête a révélé que :
• presque la moitié des Canadien-nes (46%) pensent que les gens utilisent l'expression maladie mentale pour excuser un mauvais comportement
• un-e Canadien-ne sur quatre (27%) craint de se trouver en présence de personnes qui ont une maladie mentale grave
• à peine la moitié des Canadien-nes (50%) diraient à des ami-es ou des collègues qu'un membre de leur famille a une maladie mentale, comparativement à des majorités importantes qui discuteraient d'un cancer (72%) ou diabète (68%) diagnostiqué dans la famille
• la majorité des Canadien-nes seraient peu susceptibles de retenir les services d'un avocat (58%), d'une travailleuse de garderie (58%), d'un conseiller financier (58 %) ou d'un médecin de famille (61%) qui aurait une maladie mentale; un-e Canadien-ne sur trois (31%) seulement embaucherait un paysagiste qui aurait une maladie mentale
• presque six Canadien-nes sur dix (59%) affirment qu'ils s'attendent à ce que le nombre de personnes atteintes d'une maladie mentale augmente au cours des dix prochaines années
• la plupart des Canadien-nes (60%) reconnaissent que le diagnostic et le traitement des maladies mentales sont mal financés et presque les trois quarts (72%) conviennent qu'il faudrait leur accorder un financement équivalent à celui qu'on accorde à des problèmes de santé physique comme le cancer et le diabète.
Les attitudes à l'égard des maladies mentales préoccupent certes, mais celles que suscitent les gens qui ont une toxicomanie troublent encore davantage. L'enquête a révélé que :
• moins de la moitié des Canadien-nes pensent que l'alcoolisme et les toxicomanies sont une maladie mentale
• un-e Canadien-ne sur cinq seulement socialiserait avec quelqu'un qui a un problème de toxicomanie ou d'alcoolisme
• moins de 5% des Canadien-nes embaucheraient quelqu'un qui a un problème de toxicomanie ou d'alcoolisme.
"Ces statistiques montrent clairement la stigmatisation insidieuse qu'on associe toujours à la santé mentale et aux maladies mentales, a déclaré le Dr Day. Ce sont ces attitudes qui relèguent la santé mentale au second plan depuis beaucoup trop longtemps."
Source : AMC, 18.08.2008
Page reliée : La maladie mentale vous effraie?, 14.10.2005
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