Les hérétiques sont bien plus haïes que les infidèles. C’est sans doute pour cette raison que les féministes anti-pornographie désignent dédaigneusement les femmes qui l’aiment – des femmes comme moi – en les traitant de victimes pathétiques ou de traîtresses.
Mais au moins une femme dans le monde, et en plus une militante féministe, ne se sent ni opprimée ni humiliée par la description imagée de la sexualité. Elles ne peuvent plus alors s’écrier que la pornographie est un acte de violence contre toutes les femmes et qu'elle devrait donc être illégale. Mon plaisir personnel devient ainsi une fissure dans leur doctrine.
Mais pour mettre en défaut la menace que pose ma jouissance, les féministes antiporn ont développé une tactique standard leur permettant de faire taire les voix des "sexuellement incorrectes". Elles nous expliquent : "Si vous aimez la pornographie, ce n’est pas parce que vous êtes un individu unique avec un large et complexe éventail de désirs et curiosités, ou que vous venez d’un environnement différent. Non. C’est parce que vous avez été si endoctrinées par la société blanche et masculine - patriarcale - que vous avez fini par tomber amoureuses de votre propre sujétion. Votre plaisir en est l’évidence même. Le fait de croire que vous regardez la pornographie en toute liberté ne démontre que la profondeur du lavage de cerveau que vous avez subi." C’est alors qu’elles nous font une offre magnanime. Elles vont nous sauver de nous-mêmes, que nous le voulions ou pas.
Une traduction de From a Sexually Incorrect Feminist de Wendy McElroy paru en 1995.
Pages reliées :
L’interdiction de la pornographie menace les droits des femmes, Wendy McElroy
The real legacy of Andrea Dworkin: she had set the women's movement back 20 years, Havana Marking, 15.04.2005
Feminists for Porn, Nina Hartley, 02.02.2005
The Free Speech Pamphlet Series: Pornography, Feminists For Free Expression